Si un sujet fait l'unanimité
en ville, au-delà de tout clivage social ou politique, c'est bien le
contournement routier de la commune. Il est indispensable pour tous les
Maximois qui voient leur ville asphyxiée, les routes saturées en été, et
fortement encombrées le reste de l'année. Tous en subissent les
conséquences : les commerçants, les artisans qui se trouvent coincés
dans les bouchons vers la Foux et Saint-Tropez, les particuliers dès
qu'ils veulent se déplacer, et notamment rejoindre le pôle de santé de
Gassin, les secours (pompiers et gendarmes), les élèves du lycée, etc.
L'exaspération est à son comble. Elle s'est à nouveau exprimée mercredi,
lors de l'assemblée générale de l'association de protection du littoral
et du site de Sainte-Maxime, plus connue sous le nom de Site.
« Manifester, il n'y a que ça qui marche »
Depuis
plus de 30 ans, les Maximois entendent parler d'une voie de déviation,
mais ne voient toujours rien venir. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde
à dire que le contournement de la commune par l'ouest (COSM) est la
priorité des priorités. Celui par l'Est (CESM), qui n'est pas plus
avancé, fluidifierait la circulation vers Fréjus et Saint-Raphaël, mais
ne réglerait rien pour les véhicules allant dans le fond du golfe.
Les participants ont donc émis l'idée de manifester pour faire avancer ce dossier, qui n'en finit plus de traîner.
Beaucoup en veulent aux élus, à l'image du président de Site, Pierre-Dominique Clément : «
Il faut qu'on se batte. On nous endort depuis des années. Des sommes
étaient dévolues au COSM. Cet argent est parti car Hubert Falco l'a
piqué pour le tunnel de Toulon. ça suffit ! Je vous propose de sortir de
cette réunion en créant un comité de pilotage, une commission ou toute
autre chose consacrée uniquement à l'étude de ces problèmes routiers. En
attendant, il faut des déviations obligatoires pour les camions car si
l'accident survenu à la Croisette le mois dernier (*) s'était déroulé
sur la promenade, il y aurait eu des morts ».
Des applaudissements ont salué son intervention.
Il
résumait ainsi brutalement le fait que le tunnel de Toulon ait
bénéficié de crédits alloués par l'État pour le contournement de
Sainte-Maxime, crédits non utilisés à l'époque faute d'un accord entre
les élus du golfe de Saint-Tropez et les réticences des habitants
notamment ceux de Grimaud.
M. Guerra a ajouté « Nous avions déjà envisagé de faire une manifestation pour les routes car il n'y a que ça qui marche ». Visiblement, l'idée fait plus que son chemin...
Edme Faussillon a aussi dit sa colère à sa manière «
l'histoire de la traversée de Sainte-Maxime date de 40 ans. Le fond du
problème, c'est la volonté politique qui n'existe pas. Le Var est dominé
par Toulon et M. Falco a récupéré cet argent ».
« Des blocages politiques »
Le maire Vincent Morisse, interpellé par M. Clément « sur l'ambiguïté de [ses] propos » lorsqu'il
a en mai et juin derniers déclaré que le CESM était en sommeil et plus
qu'en sommeil, a été chahuté. Il a tenté de raisonner les adhérents de
Site tout en sollicitant leur aide et en acceptant leurs propositions.
« Il faut attendre le contournement ouest car attention à ne pas en rajouter, a-t-il dit.
Sainte-Maxime souffre. Depuis la réalisation de l'élargissement du
CD25, le panneau sur l'autoroute pour sortir à La Garde-Freinet n'y est
plus. Votre appui est indispensable. Écrivez au conseil général. La
manifestation, il faut qu'elle mobilise, pas qu'elle se retourne contre
nous. Je suis d'accord pour le comité de pilotage mais je vous rappelle
que les routes sont une compétence du département. Certains autres
collègues du golfe ne sont pas favorables au contournement, je ne
citerai pas de nom mais il y a des blocages politiques ».
Pour
montrer qu'il agit de son côté, le premier magistrat leur a lu la
lettre qu'il a adressée au directeur général des services du conseil
général. Il a aussi demandé rendez-vous en septembre à celui chargé des
routes et a proposé à M. Clément de l'y accompagner.
L'occasion pour ce dernier de regretter l'absence de réponse du préfet aux deux courriers de l'association.
En
dépit de toutes ces démarches, rien ne se fera rapidement pour des
raisons financières. Le conseil général n'en a pas les moyens, il a même
retiré une partie des subventions accordées aux communes par solidarité
avec celles de la Dracénie. À moins qu'une manifestation d'ampleur
rappelle à ses responsables que le golfe de Saint-Tropez est, aussi,
dans le Var.
*. Un camping-car a brûlé sur la route du bord de mer. Les bouteilles de gaz se trouvant à l'intérieur ont explosé.
V. G.