Six jours après les attentats du 13 novembre, le romancier Michel Houellebecq sort de son silence. «Au lendemain des attentats du 7 janvier, j'ai passé deux jours cloué devant les chaînes d'info, sans pouvoir détourner le regard, écrit le romancier dans une tribune qu'il publie dans le quotidien italien Il Corriere della Sera.
«Au lendemain des attentats du 13 novembre, je crois ne même pas avoir allumé la télévision. Je me suis limité à appeler des amis et des connaissances qui habitent dans les quartiers touchés (et on parle de beaucoup de personnes). On s'habitue aux attentats. En 1986, Paris a été visée par une série d'attaques à la bombe, dans différents lieux publics (C'est le Hezbollah libanais, qui je crois à l'époque avait revendiqué les attentats).»
Si, en guise de préambule l'auteur de Soumission évoque et se remémore les différents coups portés à la France, c'est pour mieux louer le courage du peuple français:
«La France va résister. Le Français résiste, même sans étalage d'un héroïsme exceptionnel, sans même avoir besoin d'un «déclic» collectif de fierté nationale».
En revanche, l'écrivain blâme haut et fort la classe politique à qui incombe, selon lui, la responsabilité du contexte actuel:
«La situation déplorable dans laquelle nous nous trouvons est due à des responsabilités politiques, et ces responsabilités politiques devront, tôt ou tard, être passées au crible. Il est très improbable que l'insignifiant opportuniste qui occupe le fauteuil de chef de l'État, tout comme l'attardé congénital qui occupe la fonction de Premier ministre, sans mentionner les «ténors de l'opposition» (LOL), sortent avec les honneurs de cet examen.»
Et Houellebecq d'étayer ses propos:
«Qui a décidé des coupes budgétaires dans les forces de police, jusqu'à les réduire à l'exaspération, les rendant presque incapables de mener à bien leurs fonctions? Qui a enseigné pendant de nombreuses années, que les frontières sont un non-sens à l'ancienne, symbole d'un nationalisme passé et nauséabond? Il est évident que ces responsabilités ont été largement partagées.»
Avant de conclure, péremptoire:
«La conclusion inévitable est malheureusement très grave: les gouvernements qui se sont succédé au cours des dix (Vingt? Trente?) dernières années ont lamentablement échoué, systématiquement et lourdement dans leur mission fondamentale, à savoir de protéger le peuple français confié à leur charge. On pourrait multiplier à l'infini les exemples de la fracture, aujourd'hui abyssale, qui subsiste entre les citoyens et ceux qui devraient les représenter. Le discrédit qui frappe aujourd'hui en France l'ensemble de la classe politique est non seulement répandu, mais aussi légitime. Il me semble que la seule solution qu'il nous reste serait celle de se diriger lentement vers l'unique forme de démocratie réelle, j'entends par là la démocratie directe.»
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