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Éléments de réflexion Petit Impertinent septembre 2015 suite à Petite revue de presse Var Matin de ces derniers jours

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"Allumer le feu" puis essayer de l'éteindre, l'enjeu reste d'importance et n'a que trop trainéPompiers VM 15 7 2015
Quand les points de vue divergent sur le déplacement de la caserne des pompiers de Cogolin...

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La réponse de Mr PIRES aux jaloux de la République :

il ne fait pas bon réussir en France et c'est bien triste 

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Informations Petit Impertinent Septembre 2015 ! suite à http://www.mediapart.fr/journal/france/270615/dire-son-homosexualite-encore-trop-dur-pour-les-politiques?

Informations Petit Impertinent Septembre 2015 !

Petit impertinent homo 09 2015

SOCIÉTÉ ENQUÊTE Dire son homosexualité, encore trop dur pour les politiques 27 JUIN 2015 | PAR MATHIEU MAGNAUDEIX

Une « anomalie » française. Malgré les débats sur le mariage des couples de même sexe, malgré une Marche des fiertés LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) qui se déroule ce samedi 27 juin à Paris comme chaque année, la visibilité des homosexuels dans les lieux de pouvoir reste faible. Exemple avec la politique, où ceux qui disent simplement leur homosexualité restent ultra-minoritaires.

Samedi 11 juillet, Luc Carvounas, sénateur et maire socialiste d’Alfortville (Val-de-Marne), va se marier avec son compagnon, Stéphane Exposito, ancien cadre du PS et chef de cabinet ministériel.

Depuis la promulgation de la loi sur le mariage des couples de même sexe, il est le premier parlementaire homosexuel à convoler. L’information, quelques lignes dans Le Parisien, est parue à quelques jours de la Marche des fiertés parisienne, organisée comme chaque année, ce samedi 27 juin, à l’appel de l’Inter-LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans). Dans un premier temps, Carvounas n’a pas souhaité que la journaliste du Parisien, qui avait eu vent de l’information, évoque son mariage.

Puis il s’est ravisé. Difficile de faire autrement, Carvounas ayant invité à la fête nombre de journalistes et de politiques. « Je me marie avec l’homme avec lequel je vis depuis quatre ans, avec qui je suis pacsé : je n’ai rien voulu cacher, explique Luc Carvounas, sollicité par Mediapart. À Alfortville, je participe aux manifestations et aux repas des anciens avec mon compagnon. J’ai fait la campagne municipale avec lui et l’ai remercié le soir de ma victoire.

Dès lors que les Alfortvillais me font confiance, je peux difficilement cacher des choses me concernant. Cela voudrait dire que je ne suis pas au clair avec ma propre vie. Je n’avais pas envie d’être le pléonasme de moi-même. » Luc Carvounas, un proche de Manuel Valls, n’a jamais caché son homosexualité dans le monde politique, ni auprès des journalistes. Lors de déjeuners, il lui arrive de parler de son « compagnon », que ceux-ci connaissent. Avec ce coming out (une expression anglo-saxonne qui désigne la « sortie du placard »), Carvounas intègre le cercle très fermé des responsables politiques de premier plan dont l’homosexualité est connue.

En réalité, c’est un tout petit cénacle. Officiellement, il n'y a que des ministres hétérosexuels dans le gouvernement Valls. La Cinquième République n’a compté que quatre ministres dont l’homosexualité est publique : Jean-Jacques Aillagon, Frédéric Mitterrand, Roger Karoutchi et André Labarrère, ancien maire de Pau décédé en 2006. Deux ministres de la culture, deux secrétaires d’État aux relations avec le Parlement, aucun ministre régalien. Sur près de 1 000 parlementaires, on ne dénombre, dans la France de 2015, que cinq élu(e)s ouvertement gays ou lesbiennes.

Statistiquement, 0,5 % de la population des députés et sénateurs, élus au suffrage universel et censés représenter la population française! « La France est une anomalie statistique », se désole Corinne Bouchoux, sénatrice écologiste, qui vit depuis quinze ans avec sa compagne. Ailleurs pourtant, des homosexuels qui, sans forcément en faire un étendard, ne cachent pas leur sexualité, occupent des responsabilités politiques de premier plan.

En Allemagne, l’ancien vice-chancelier libéral Guido Westerwelle, qui fut ministre des affaires étrangères d'Angela Merkel, était ouvertement gay 3, et la ministre sociale-démocrate de l’environnement, Barbara Hendricks, a évoqué sa compagne dans un portrait paru dans la presse.

De même que le ministre letton des affaires étrangères, Edgars Rinkēvičs, qui a annoncé son homosexualité sur le réseau social Twitter.

Des gays ou des lesbiennes dirigent, ou ont dirigé, des gouvernements : le Belge Elio di Rupo , l’Islandaise Johanna Sigurdardottir, le Luxembourgeois Xavier Bettel . En Équateur, la ministre de la santé, Carina Vance Mafla , est lesbienne. Deux ministres colombiennes vivent en couple . En Grande-Bretagne, le nouveau Parlement, élu en avril dernier, compte 29 homosexuels « out », environ 5 % des parlementaires : grosso modo, le ratio estimé d'homosexuels dans la population britannique 3. La France, elle, fait figure de pôle de résistance.

S'il est possible, pour des collaborateurs politiques, des élus locaux, régionaux ou municipaux (trois adjoints de la maire de Paris sont ouvertement gays), de ne pas cacher son homosexualité au public, cela semble beaucoup plus difficile dès que l’on gravit l’échelle du pouvoir. Comme si certains craignaient que sortir du placard ne nuise à leur carrière.

Au Sénat, ils ne sont que trois : Luc Carvounas, Corinne Bouchoux et l'élu des Républicains Roger Karoutchi, un proche de Nicolas Sarkozy, qui avait fait son coming out en 2009, alors qu’il convoitait la présidence de la région Ile-de-France. À l’Assemblée, seuls l’écologiste Sergio Coronado et l’ex-UMP Franck Riester sont ouvertement gays. Ce dernier, alors secrétaire national de l’UMP, a fait son coming out en 2011, à la suite d’une remarque homophobe d’un opposant local. « Mon homosexualité n'est pas un secret. Je partage ma vie avec mon ami depuis longtemps. Pour autant, je n'ai jamais fait étalage de ma vie privée et continuerai à agir de la même manière », avait-il dit.

Quelques jours après son élection, en juin 2012, Coronado avait annoncé d’un tweet sa venue à la Marche des fiertés parisienne avec son compagnon. « J’ai toujours géré ça avec beaucoup de décontraction », dit l’écologiste. Sa liberté de ton (« vous auriez pu aussi me traiter de pédé », a-t-il lancé à l’UMP Christian Jacob qui le qualifiait d’« hystérique » lors des débats sur le mariage) détonne dans les couloirs du Palais-Bourbon. Alors qu’il s’autorisait une plaisanterie sur ce sujet avec des parlementaires de gauche dont l’homosexualité n’est pas un mystère, du moins dans le microcosme de l’Assemblée nationale, il a vu ceux-ci « blêmir ».

« La société politique est conservatrice, archaïque. Elle a ses codes, analyse Coronado. Ceux qui préfèrent le placard considèrent que l’orientation sexuelle est encore de l’ordre de la vie privée. Ils peuvent vivre dans une sociabilité gay au quotidien, mais ne se disent pas pour autant que des fonctions électives importantes impliquent une nécessité de cohérence avec soi-même. »

«Mentionner ma sexualité peut être utile pour les jeunes » Franck Riester. Pourtant, tous ceux qui ont fait leur coming out le disent eux-mêmes : ils n’ont jamais eu à s’en mordre les doigts. « Je ne regrette absolument pas, raconte aujourd’hui Franck Riester, élu en Seine-et-Marne. Certains peuvent penser que c’est plus difficile d’être élu ou réélu, car certains opposants peuvent s’en servir contre vous. Mais il faut arriver à dépasser cette idée. En fait, quand vous avez clarifié, c’est impossible de vous attaquer sur le côté “double vie”, “il vous cache des choses”.

Ce qu’attendent vos électeurs, c’est de l’authenticité, de la sincérité et des résultats dans votre action. » « J’ai envie de dire à ceux qui hésitent : ne vous trompez pas de peur, ce n’est pas ce que vous croyez ! dit aussi Corinne Bouchoux, élue dans le Maine-et-Loire. Au contraire, plein de gens vont venir vous dire merci. Il y a eu très peu de remarques négatives. Les gens m’ont plutôt dit “vous êtes courageuses, et ces temps-ci on a besoin de politiques courageux”. »

S’ils ont sauté le pas, c’est souvent convaincus de leur responsabilité sociale en tant que personnalités publiques. « Nous, les élus, avons aussi pour mission de faire évoluer la société, d’aider à construire des imaginaires différents. Nous pouvons être des points d’appui pour de jeunes homosexuels en leur disant que leur condition ne se résume pas à courir le risque d’être rejetés de leur famille », dit Sergio Coronado. « Sans étaler ma vie privée, ni en faire un argument de communication, j’en parle librement car je sais que mentionner mon orientation sexuelle peut être utile pour beaucoup de gens, notamment les plus jeunes qui ont besoin de références et d’exemples de personnalités dans la politique, les entreprises, le sport... », abonde Franck Riester.

« Si ça peut donner du courage à d’autres élus, et aider des jeunes hommes ou des jeunes femmes, tant mieux. Même si je pense qu’au fil du temps, les choses vont aller dans le sens d’une grande banalisation », renchérit Luc Carvounas. « Comment voulez-vous dire aux jeunes “construisez-vous” si leurs responsables nationaux ne sont pas en mesure d’affronter cela ? » complète Corinne Bouchoux.

Pour l’élue écologiste, le plus « hallucinant » est que les débats sur le mariage, qui n’ont occasionné aucun coming out dans la classe politique, n’aient guère donné de courage aux élus. « Je pensais que ce grand débat allait rendre les choses plus simples. Mais en fait, je connais des élus qui se sont renfermés à double tour dans le placard plutôt que d’en sortir. » Elle cite l’exemple de députées ou de sénatrices lesbiennes qui, après la "Manif pour tous", ne veulent surtout pas faire de vagues.

«Elles me disent “c’est déjà tellement dur d’être une femme en politique, alors si je dis ça, je suis morte”. » Corinne Bouchoux cite souvent cette
statistique incroyable : elle ne connaît que
deux lesbiennes « out » en politique en
France. Elle et sa collègue d’EELV Caroline Mecary, élue régionale en Ile-de-France. « Ce n’est quand même pas possible que nous ne soyons que deux ! » dit-elle en riant. Au regard des 500 000 élus français, le chiffre paraît en effet infinitésimal.

« Cette grande hésitation des élus à évoquer, même en passant, leur sexualité, comme des hétéros pourraient le faire, est évidemment une preuve de la persistance de l’homophobie dans notre société », explique Corinne Narassiguin, ancienne responsable de la loi sur le mariage des couples de même sexe pour le groupe socialiste de l’Assemblée, aujourd’hui porte-parole du PS. Lors des débats sur le mariage, un élu du groupe PS lui avait annoncé qu’il glisserait dans son discours une allusion à son homosexualité. Il n’en a rien été.

Cet élu est aujourd’hui encore dans le placard, par peur des réactions dans sa circonscription.

« C’est parce que nous sommes encore une société homophobe qu’un coming out peut encore faire les titres des journaux, alors que cela devrait être banal », poursuit Narassiguin. Autre crainte : être pris pour “le gay” ou “la lesbienne de service”, en raison du faible nombre d’homos “out” en politique. « Je suis hétéro, mais je comprends cette gêne : parce que je suis ultra-marine, les journalistes m’appellent souvent sur l’outre-mer alors que ce n’est pas particulièrement ma spécialité.»

Plus que d’autres pays, la France républicaine est surtout très mal à l’aise avec l’idée que des élus évoquent leur homosexualité, alors qu’il est courant que des responsables politiques hétérosexuels évoquent, dans les journaux people ou juste en passant, leur compagnon et leur compagne. La notion même de coming out, souvent confondue à tort avec l’outing  (le fait de révéler l’homosexualité d’une personnalité publique sans son consentement), est mal comprise et considérée comme une sorte d'incongruité anglo-saxonne. Au pays de l’universalisme républicain, l’affirmation d’une différence sexuelle est souvent vue comme un particularisme, l’expression d’un désir «communautaire ». Dans L’Égalité sous conditions  (Presses de Sciences-Po), qui vient de paraître, la politiste Réjane Sénac évoque même « l’hétérosexisme racialisé constituant de la République française ».

Selon la chercheuse, spécialiste de la parité et du genre en politique, l’universalisme républicain, qui prétend gommer les différences et les particularismes, via l’école notamment, a historiquement évacué de la société politique les femmes, les homosexuels ou les citoyens dont la peau n’est pas blanche. Une vision dépassée, selon Sergio Coronado, frappé des pesanteurs de la France en ce domaine. « L’universalisme abstrait permet en fait toutes les discriminations et les hypocrisies », dit-il. Revisiter cette conception datée et sclérosée de la République permettrait peut-être de faire en sorte que nos élus, et plus généralement nos élites, reflètent un peu plus la société française dans sa diversité.