De la part de Monsieur Bernard RONDEAU
Cérémonie du 11 novembre

Prenons la peine de réfléchir sur ces réflexions d’Eva Joly sur notre société

Morceaux choisis :

« Ces hommes et ces femmes sont des gens ordinaires plongés dans des histoires extraordinaires.

Des gens simples qui « aspirent à une vie normale », qui ne choisissent pas de se mettre en danger, mais que la vie conduit parfois à un engagement absolu, quand l’inacceptable devient insupportable.

Il faut du courage et de l’obstination, il faut surtout une grande confiance dans la nature humaine, une foi absolue dans « l’idée qu’une société peut progresser si les règles sont les mêmes pour tous ».

« En associant l’impôt avec  une charge, ils ont réussi à pervertir le langage : optimisation fiscale ! Derrière ce mot, il y a une autre réalité : l’argent « optimisé » échappe aux caisses de l’Etat, et pour faire face aux dépenses, la charge retombe alors sur ceux qui n’ont pas les moyens de frauder, les classes moyennes, les pauvres, les citoyens ordinaires, mis plus lourdement à contribution pour combler le manque, et faire fonctionner les hôpitaux, les écoles, la police été tous les autres services publics.

Résultat : tandis que les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent et l’impôt, trop lourd à supporter, devient vite impopulaire, tandis que l’évasion fiscale, elle, reste invisible.

« Parfois je me dis, tu devrais arrêter de chercher les ennuis, de fouiller dans ce genre de dossiers. Et en même temps, je réalise qu’en tant qu’être humain, dans ce combat-là, je me sens bien ; ma conscience est apaisée. »

« Désormais, une main lave l’autre. Chacun se défausse sur un autre coupable. Les responsabilités se diluent. Nous vivons une époque où la corruption devient la règle. C’est très inquiétant. »

Quand on lui demande s’il ne regrette pas d’avoir choisi cette vie sous pression, ce combat qui ne s’achève jamais, , la réponse fuse comme un missile : « Mon seul regret, c’est d’avoir sacrifié ma famille » dit il en évoquant sa séparation récente. Il dit « sacrifié », pas « gâché » ou « perdu » comme s’il y avait un prix à payer pour un métier, une mission plutôt, qui tourne vite à l’obsession, exige un investissement permanent, et affecte forcément les proches considérés, souvent à juste titre, comme la faille la plus vulnérable des « incorruptibles ».

« Je suis convaincu que la mondialisation ne pourra plus se poursuivre sans le soutien de l’opinion publique internationale. Or aujourd’hui, c’est le divorce ? car ce ne sont que les effets négatifs qui émergent : on répète aux citoyens qu’ils doivent accepter de remettre en cause leur santé, leurs retraites, leur emploi, parce que la compétition internationale l’exige. On projette sans cesse une image punitive de la mondialisation qui produit de nouvelles peurs. Et là où elle a été la plus rapide, dans les échanges financiers, que voit-on ? Un désastre, un incroyable désordre des comportements. Les gens n’acceptent plus les parachutes dorés, l’évasion fiscale. Les dirigeants de la planète doivent comprendre qu’ils n’ont plus le choix : ils doivent changer les règles ou prendre le risque que les peuples se révoltent et se replient  sur eux-mêmes. »

J’aime l’idée que la justice ressemble à une épée qui déchire le voile des apparences et permet enfin de voir la réalité. 

J’ai rencontré, au cours de ma vie, parfois dans des conditions difficiles pour eux, de nombreux chefs d’entreprise. Au risque de surprendre, j’ai de l’admiration pour beaucoup de ces hommes  et de ces femmes. Le profit n’est pas leur première motivation. Ils sont aussi comme chacun d’entre nous, animés par des « mobiles irrationnels » : le plaisir de l’effort, le goût presque sportif de la victoire, la peur de la mort, le bonheur de créer et de voir grandir leur entreprise, la curiosité et l’allant.

La corruption et la délinquance économique sont l’antithèse de l’entrepreneur. Elles perpétuent les rentes et gangrènent les organisations. Ceux qui basculent cherchent l’argent mais aussi l’abandon de leur liberté, qui leur pèse, au profit de valeurs de réseaux, de clandestinité et d’opacité qui sont plus faciles à assumer, puisque la responsabilité individuelle est dissoute.

Il faut d’abord balayer devant notre porte, nous avons besoin de confiance. Celle-ci ne se décrète pas, elle se construit par des actes cohérents, posés les uns après les autres. Elle a besoin de preuves.

La confiance repose sur des valeurs souvent moquées comme l’humilité, le courage, la transparence.

 Ce n’est pas le moment d’avoir peur car des décisions cruciales sont devant nous.

« L’écologie, sauver la planète, c’est ridicule. » je sais qu’il ne sert à rien de lutter contre l’inconscient collectif, et pourtant !

Les tons, les accessoires, les tissus, les prétendues actions de bienfaisance, les livres qui sont publiés, les chansons qui passent sur les radios, les documentaires d’ex-politiciens, les nouveaux films, le matériau utilisé pour les chaussures, les systèmes d’approvisionnement des voitures, les pétitions pour les députés, les bonus vendus par les plus grandes banques du monde, tout parait concentré sur une seule chose, sauver la planète.

Chaque fois que je lis dans les journaux ou dans les magazines que les politiciens se servent du réchauffement global ou de la destruction de l’environnement comme plateforme de leur campagne électorale, je me dis : comment pouvons nous être si arrogants ? La planète est, a été et sera toujours plus forte que nous, nous ne pouvons pas la détruire car si nous franchissons une certaine frontière, elle se chargera de nous éliminer complètement de sa surface et continuera d’exister.

Ne vaudrait il pas mieux penser «ne laissons pas la planète nous détruire » ?!

Parce que sauver la planète, cela donne une sensation de pouvoir, d’action, de noblesse, tandis que « ne pas laisser la planète nous détruire », cela peut nous conduire au désespoir, à l’impuissance, à la vraie dimension de nos pauvres capacités limitées.

« Le miroir réfléchit parfaitement, il ne se trompe pas parce qu’il ne pense pas. Penser, c’est essentiellement se tromper. »

La vieillesse pour la société est un stigmate, pas un signe de sagesse. Ils croient tous que quelqu’un qui a franchi la barre des cinquante ans n’est plus en condition de suivre la vitesse où vont les choses dans le monde d’aujourd’hui. Bien sûr, il ne peut plus courir comme autrefois et il a besoin de lunettes pour lire, mais son esprit est plus aiguisé que jamais, du moins veut il le croire. »

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